La bataille de Killiecrankie eut lieu le 27 juillet 1689. C’est une victoire des forces jacobites, essentiellement composées de clans des Highlands, contre les troupes de Guillaume d’Orange lors du premier soulèvement jacobite.

Contexte historique

Le 23 décembre 1688, le roi James II d’Angleterre et James VII d’Écosse fuit le royaume d’Écosse vers la France. Les parlements d’Angleterre et d’Écosse le déclarent alors comme abdiquant. En février 1689, le parlement anglais place Guillaume d’orange et Marie Stuart sur le trône d’Angleterre. En avril, c’est en convention spéciale que l’Écosse décide de suivre la décision du parlement anglais et donnent le trône d’Écosse à Guillaume et Marie.

James Stuart a toutefois de nombreux partisans, notamment en Écosse, et ils ne tardent pas à s’organiser afin de replacer le roi qu’ils estiment légitime sur les trônes d’Angleterre et d’Écosse. Ils sont connus sous le nom de jacobites (du latin Jacobus, équivalent de James) et sont alors dirigés par John Graham de Claverhouse, premier vicomte de Dundee. Avec l’aide de Sir Ewen Cameron de Lochiel, chef du clan Cameron, il lève une armée parmi les clans des Highlands et établit son quartier général dans le château de Blair (non loin de Killiecrankie) qui occupe une position stratégique de choix pour contrôler l’accès aux Lowlands. La réponse du gouvernement ne se fait pas attendre, il envoie une armée au nord afin de régler par la force la rébellion. L’armée loyaliste est dirigée par le Général Hugh MacKay de Scourie, un écossais d’expérience qui a mené de nombreuses batailles et qui travaille de longue date pour Guillaume d’Orange.

La bataille de Killiecrankie

Armée gouvernementale

Armoiries de la Grande Bretagne (entre 1714 et 1801)
Armoiries de la Grande Bretagne (entre 1714 et 1801)
Commandant en chef

Général Hugh MacKay de Scourie

  • 3 000 hommes d’infanteries
  • 3 canons
  • 100 cavaliers

Armée jacobite

La cocarde blanche, symbole des jacobites
La cocarde blanche, symbole des jacobites
Commandants en chef

John Graham de Claverhouse
Ewen Cameron de Lochiel

  • Environ 2 000 hommes d’infanterie
    (dont 240 Cameron et 300 irlandais)
  • Environ 50 cavaliers

Le matin du 27 juillet 1689, l’armée de MacKay parcourent une piste difficile à travers le passage de Killiecrankie. Alors qu’ils abordent le côté nord du passage, un sniper jacobite embusqué tue un officier de cavalerie, c’est une embuscade de l’avant garde jacobite. Pendant ce temps-là, le gros de l’armée se positionne dans en hauteur, sur les pentes inférieures de Creag Eallich, au nord du col.

Les troupes gouvernementales émergent alors du passage au début de l’après-midi et font alors face à l’armée de Dundee. Dundee était au courant de l’arrivée des troupes gouvernementales et s’était préparé à les recevoir. Les troupes jacobites étaient toutefois peu nombreuses et même si les renforts étaient en route, l’armée gouvernementale était en surnombre. Dundee avait donc choisi de placer ses troupes en hauteur tandis que MacKay tourne le dos à la rivière, en contrebas. L’armée loyaliste se déploie sur 3 longs rangs, afin de maximiser la puissance de feu.

Champ de bataille de Killiecrankie

Pendant plus de deux heures, les deux armées se toisent. L’artillerie de MacKay s’avère inefficace. Vers 19h, le soleil passe derrière les collines face à Dundee. Puisqu’ils n’ont plus le soleil dans les yeux, Dundee ordonne une charge à ses highlanders qui déferlent alors sur les troupes gouvernementales. Une fois à portée de tir, les highlanders tirent un unique coup de feu avec leurs mousquets puis dégainent leur broadswords et, targe en avant, fondent sur leur ennemi. Il est dit qu’environ 600 highlanders meurent dans cette charge. Néanmoins, une fois au contact de l’armée gouvernementale, c’est un véritable carnage. La plupart des soldats sont en effet inexpérimentés et tentent toujours d’enclencher les baïonnettes à leurs mousquets quand les highlanders arrivent au contact. En fuyant, la plupart des troupes se retrouvent coincées par la rivière… et se font massacrer.

Anecdote

Un soldat gouvernemental, du nom de Donald McBane, se faisait poursuivre par de nombreux clansmen. Il arriva à fuir en sautant par dessus la rivière, entre deux gros rochers où coulait une cascade. Le saut mesurant plus de 5 mètres, il arriva donc a semer ses poursuivants et survécut…

Cet endroit est depuis devenu célèbre et est connu comme le Soldier’s Leap (le Saut du Soldat).

Donald MacBane, après une carrière militaire l’ayant entraîné sur plusieurs champs de bataille en Europe, est lui un célèbre duelliste et gladiateur à la broadsword. Il aurait participé à près de 100 duels et a rédigé un ouvrage de référence dans l’art du maniement de la broadsword : “The Expert Sword-Man’s Companion”, en 1728.

Donald_Mcbane - auteur inconnu - 1728
Donald_Mcbane - auteur inconnu - 1728

Conséquences

Entre 1500 et 2 000 soldats du gouvernement meurent lors de cet assaut. 500 hommes sont faits prisonniers dont des officiers supérieurs. MacKay arrivera à fuir avec le reste de ses hommes.

Environ 600 jacobites meurent et Dundee est mortellement blessé lors de la charge. Un peu plus au nord du village de Killiecrankie, une pierre est au milieu d’un champ. Il est dit que Dundee est mort alors qu’il se tenait assis contre cette pierre.

Malgré cette écrasante victoire, sans Dundee à la tête de l’armée, la rébellion de 1689 prend rapidement fin. Le commandement de l’armée est confié au Colonel Alexander Cannon, le chef des recrues irlandaises. Il est préféré à Ewen Cameron de Lochiel, vétéran de plus de 60 ans et chef emblématique des Highlands. Ce dernier, déshonoré par cet affront, se vexe de cette décision et décide de quitter l’armée jacobite, emportant avec lui une bonne partie de ses hommes.

Le 21 aout de la même année, l’armée jacobite subit une défaite décisive lors de la bataille de Dunkeld, à moins de 20 miles de Killiecrankie, marquant ainsi la fin de la révolte jacobite de 1689.

Sources

Bonus

The Braes O’ Killiecrankie par The Corries

Une reconstitution délicieusement kitch du Soldier’s Leap