L’enfance de Jacques Stuart

Jacques Stuart est né à Londres, le 14 octobre 1633. C’est le second fils du roi Charles Ier et de sa femme Henriette-Marie de France, fille du roi Henri IV. Jacques Stuart est le frère du futur Charles II et le cousin de Louis XIV par sa mère. Il se trouve en deuxième position de l’ordre de succession au trône d’Angleterre. En 1644, il reçoit le titre de duc d’York, titre qu’il préservera jusqu’à son accession au trône en 1685.

Après la guerre civile, la proclamation de la Ière République anglaise et la décapitation de son père Charles Ier, Jacques fuit l’Angleterre pour les Pays-Bas et trouve refuge en France à la cour de Saint-Germain en Laye aux côtés de son frère Charles. Les deux frères et leurs partisans vont demeurer en France sous la protection de leur cousin Louis XIV de 1649 à 1658. Les deux frères vont garder en mémoire le souvenir douloureux de cet exil et, malgré les différends politiques qui vont les opposer par la suite, préserveront une estime réciproque et une affection certaine.

L’exil de Jacques Stuart

En France, Jacques ne reste pas inactif. Il se forme aux métiers des armes et entame une prestigieuse carrière d’officiers. Il participe à toutes les grandes batailles que mène l’armée française où il brille par son courage et son sens aigu de la tactique militaire. Il mène ses armées contre les Frondeurs et contre l’Espagne alors en guerre contre le royaume de France depuis 1635. Ses années de service et ses succès militaires lui offrent la sympathie des Français et un certain prestige qu’il saura exploiter, notamment avec les femmes.

Le duc d’York devient ensuite l’objet de la diplomatie de son frère qui cherche à s’allier avec l’Espagne. En 1658, Jacques doit alors quitter la France, se retrouve intégré aux armées espagnoles et commande une compagnie lors de la Bataille des Dunes contre ses anciens alliés français.

La même année, la mort d’Oliver Cromwell précipite la chute de la République anglaise. Son fils, Richard Cromwell se retrouve incapable de poursuivre le projet de son père et fédérer les forces politiques du royaume. Georges Monk, gouverneur d’Ecosse craint que la nation ne sombre dans le chaos. Il marche alors sur Londres avec son armée et force le Parlement à proclamer la Restauration. Charles Stuart revient d’exil en 1660 et se fait couronner sous le titre de Charles II en 1661. Son frère Jacques, duc d’York et seul héritier légitime, l’accompagne.

Le duc d’York est tout de suite nommé grand amiral de la marine britannique. Convaincu que la puissance militaire anglaise doit reposer sur sa puissance navale, il relance l’activité des ports et dynamise la construction navale. Il réorganise la marine, l’administration militaire et met en place des stratégies innovantes pour les batailles navales qui se révèlent d’une grande efficacité dans la guerre qui oppose l’Angleterre à la Hollande. Jacques se distingue par son sens stratégique et fait preuve de clairvoyance pour l’avenir de l’armée anglaise. Charles II s’appuie sur son frère pour mener des tractations entre l’Angleterre, la Hollande et la France. Jacques acquiert de ces années une grande habilité politique, une reconnaissance sur le plan international et un prestige immense auprès de ses soldats.

Un prétendant embarrassant, Jacques le catholique

Charles II est un modéré qui se plie aux directives du Parlement, il a retenu la leçon de son prédécesseur, Charles Ier. En revanche, à partir de 1670, son frère Jacques se convertit au catholicisme et affiche ouvertement sa nouvelle religion. Conservateur, il est proche du parti des Tories et soutenu par une partie de la noblesse anglaise. Il défend l’idée d’une monarchie absolue à la française, un pouvoir monarchique fort qui n’aurait plus besoin de se plier aux opinions fluctuantes et aux directives du Parlement.

En 1677, Jacques marie sa fille Marie-Stuart au protestant Guillaume III d’Orange, son neveu, stathouder (gouverneur, « lieutenant ») de Hollande. En l’absence d’héritier mâle, Jacques devra succéder à son frère, par conséquent Marie et son époux Guillaume deviendraient les prétendants légitimes au trône d’Angleterre à sa mort.

Mary II, par Kneller, 1690
Mary II, par Kneller, 1690

Malgré l’affection que lui porte son frère Charles II, ses positions politiques et religieuses embarrassent. Plusieurs manœuvres politiques tendent à faire tomber le duc d’York et à l’écarter de la succession au trône. En 1678, un vaste complot mené par Titus Oates, un pasteur anglican, cherche à faire condamner Jacques pour tentative d’assassinat. Oates accuse le duc d’York et une partie de ses proches d’être impliqués dans un complot catholique commandité par le Vatican, visant à assassiner le roi Charles II et installer le duc d’York sur le trône. Entre 1678 et 1679, plusieurs procès ont lieu à Londres au cours desquels Jacques n’est jamais directement inquiété mais lors desquels plusieurs de ses proches sont condamnés à mort et exécutes. S’il a été reconnu par la suite que les déclarations d’Oates étaient mensongères et qu’il s’est appuyé sur des faux témoignages, l’opinion anticatholique est à son paroxysme en 1679.

Dans le prolongement de cette affaire, Jacques d’York se retrouve ensuite au cœur de la crise de « l’Exclusion Bill ». Le Country Party, ancêtre du parti Whig au Parlement, cherche à exclure Jacques de la succession au trône et soumet au Parlement un projet de loi visant à écarter du pouvoir un prétendant catholique. Charles II défend la position de son frère, rejette ce projet de loi et va jusqu’à dissoudre le Parlement pour affaiblir l’opposition. A plusieurs reprises l’idée d’un « Exclusion Bill » ressurgit contraignant Charles à dissoudre le Parlement à chaque fois. Même s’il défend son frère à plusieurs reprises, Charles II se retrouve embarrassé par les prises de position catholiques et absolutistes de Jacques. Ne pouvant pas continuellement dissoudre le Parlement et enflammer l’opinion publique, Charles demande à son frère de quitter le royaume, le temps que l’opinion publique se calme et lui soit plus favorable.

Jacques quitte l’Angleterre, se rend en Belgique, en France puis, en 1680, s’installe en Ecosse, berceau de la famille Stuart, en tant que haut-commissaire d’Ecosse. Lors de sa tournée écossaise, il reçoit les manifestations de sympathie du peuple et le soutien de la noblesse écossaise pourtant essentiellement presbytérienne et hostile aussi bien aux Anglicans qu’aux Catholiques. Jacques modère alors ses positions religieuses, du moins en apparence, et développe, avec le soutien des Ecossais, l’idée d’une monarchie absolue de droit divin, héritage de la monarchie écossaise.

Jacques II roi d’Angleterre

En 1685, après la mort de son frère, Jacques Stuart duc d’York devient roi d’Angleterre sous le nom de Jacques II. Jacques devient roi à un âge assez avancé. Il est perçu comme un personnage obstiné, pieux et austère, un mode de vie qui tranche avec les années plus légères et frivoles du règne de Charles II. Plus rigoureux que son frère, il remet de l’ordre dans l’administration royale, s’acquitte des dettes de Charles II et consolide la défense du royaume. Il s’attache particulièrement à renforcer et augmenter la capacité des ports, améliore encore et réorganise la grande Amirauté. Même s’il défend l’idée d’une monarchie absolue de droit divin, Jacques II n’est pas un roi autoritaire. Il respecte le Parlement, la souveraineté du peuple anglais et les lois fondamentales du royaume mais considère que l’autorité du roi devrait toujours primer en dernier lieu sur celle du Parlement.

Jacques II se sent investi d’une mission particulière, celle de restaurer la religion catholique dans le royaume d’Angleterre. Ici encore, il refuse de se comporter en tyran. Jacques est un converti, il pense donc que chacun peut être touché par la grâce et revenir de façon individuelle dans la vraie foi, celle de l’Eglise catholique. Il est favorable à une mesure de tolérance dans le royaume qui permettrait aux Catholiques de pratiquer librement leur religion et montrer l’évidence de leur vérité aux autres sujets du royaume. Il sait que la conversion du pays doit se faire individu par individu et non pas par la force et la violence comme c’est le cas en France avec la révocation de l’Edit de Nantes (1685).Il serait favorable à une mesure de tolérance qui laisserait transparaître l’évidence de la vérité catholique et ramènerait l’ensemble de ses sujets dans le droit chemin.Il souhaite ensuite revenir sur le Test Act qui interdit la pratique du culte catholique.

Une contestation virulente, un roi face à l’opposition

Dès son accession au trône, il doit faire face aux prétentions de James Scott de Monmouth, fils illégitime de Charles II. Monmouth, bien que bâtard du roi, se proclame prétendant à la succession de son père et prépare une invasion armée au sud de l’Angleterre. Il bénéficie de certains soutiens au Parlement et jouit d’une certaine popularité puisque protestant.

Jacques II prépare la défense du royaume contre les armées de Monmouth. Il mobilise ses armées, recrute des forces supplémentaires et élève de nombreux nobles, majoritairement catholiques, au rang d’officiers.

Le 6 juillet 1685, lors de la bataille de Sedgemoor, les armées de Jacques II, menées entre autres par John Churchill de Marlborough, écrasent sans grandes difficultés les armées de Monmouth.

Ce dernier est fait prisonnier puis condamné à mort la même année.

Au même moment, Jacques II doit faire face à une autre conspiration, celle de l’Ecossais Archibald Campbell comte d’Argyll à la tête des Covenanters. Les Covenanters, presbytériens radicaux, s’opposent en effet au pouvoir royal et à la trop grande influence des Episcopaliens et des Catholiques en Ecosse ainsi qu’à l’Anglicanisme d’Etat. Tout comme Monmouth, Argyll ne parvient pas à mobiliser suffisamment d’hommes pour inquiéter le pouvoir royal et se trouve facilement écrasé par les armées de Jacques II.

Après ces deux soulèvements, Jacques II, chef de guerre expérimenté, fait le constat que l’Angleterre est mal défendue à l’intérieur et risque donc de se retrouver fragilisée si d’autres rébellions venaient à éclater. Il décide donc de renforcer sa sécurité intérieure et choisit de ne pas démobiliser les armées levées contre Monmouth et Argyll. L’opinion anglaise ne comprend pas cette décision et y voit plutôt une tentative de coup de force visant à fragiliser le Parlement, à restaurer la monarchie absolue et imposer le catholicisme par la terreur. Les opposants au roi sont d’autant plus inquiets que Jacques, dans une volonté d’équilibre et d’équité a favorisé le recrutement et la nomination dans l’armée et l’administration de nombreux catholiques qui en avait été écartés pat le Test Act de 1678. La politique de Jacques II et sa volonté d’ouverture sont mal comprises et l’opposition parlementaire commence à gronder.

La glorieuse révolution, un roi en exil

Le 20 juin 1688, la naissance de Jacques François Edouard Stuart va précipiter la chute de Jacques II. La naissance d’un héritier mâle écarte en effet de facto Marie Stuart et son époux Guillaume d’Orange de la succession directe au trône. Cette naissance risque aussi de rétablir une dynastie catholique à la tête du royaume. Guillaume d’Orange, prince protestant, représente en effet pour beaucoup d’Anglais un rempart contre le rétablissement d’un catholicisme d’Etat. Depuis la Hollande, Guillaume d’Orange est très loin de fêter la naissance de cet héritier qui l’écarte définitivement du trône d’Angleterre ; si Guillaume d’Orange ne se soucie aucunement de la politique intérieure anglaise, il ne veut surtout pas perdre l’occasion de mettre la main sur la puissante marine anglaise qui lui permettrait de s’imposer sur la scène militaire européenne et concurrencer son ennemi Louis XIV.

Il mobilise donc ses armées, gagne au plus vite le royaume d’Angleterre et marche vers Londres. Jacques II se retrouve donc face à une menace d’invasion et craint une guerre civile. Les Parlementaires et les lords du royaume sont divisés sur l’attitude à tenir. Les whigs (progressistes), même s’ils ne lèvent aucune armée contre Jacques II, proclament ouvertement qu’ils ne prendront pas les armes contre Guillaume d’Orange. Les tories (conservateurs) sont beaucoup plus indécis : leur position conservatrice les incite à soutenir naturellement Jacques II et sa position de monarque absolu de droit divin mais ils se posent aussi comme les garants de l’Anglicanisme d’Etat ce qui les oppose en profondeur à Jacques le Catholique. La paralysie des tories et le soutien des whigs vont donc faire le jeu de Guillaume d’Orange qui débarque en Angleterre et gagne Londres sans heurts fort du soutien de certains lords et provinces anglaises que se sont ralliés à lui. Jacques, acculé et sans soutien, n’a plus qu’une solution, fuir l’Angleterre. Il gagne la France et trouve refuge à Saint-Germain en Laye, où il avait déjà connu l’exil quarante ans auparavant.

La rébellion jacobite

Une partie des parlementaires et de l’aristocratie anglaise qui avaient soutenu l’intervention armée de Guillaume d’Orange, devenu Guillaume III, voit en revanche d’un très mauvais œil son installation rapide sur le trône d’Angleterre. Une vague de sympathie commence alors à naître en Angleterre à l’égard du prince exilé et une opposition armée s’organise dans tout le royaume. C’est la naissance du mouvement jacobite.

En France, Jacques II bénéficie de la protection et du soutien de Louis XIV. Celui-ci finance une expédition qui permet à Jacques de débarquer en Irlande en mars 1689, s’y faire reconnaître comme seul roi légitime et préparer une offensive armée.Les Irlandais lèvent une armée totalement disparate, certes très brave et loyale à Jacques II, mais composée de soldats mal équipés, peu entrainés et sans expérience réelle du combat. Guillaume III, ne laisse pas le temps aux Irlandais de débarquer en Angleterre, il envahit l’Irlande et met en déroute les armées jacobites.

Dans le même temps, une partie des clans écossais, essentiellement des Highlanders, prend les armes et marche vers le sud à la rencontre des armées de Guillaume III. Le 27 juillet 1689, les deux armées s’affrontent à Killicrankie. La bataille se termine par une victoire des jacobites mais les Ecossais perdent leur chef, le vicomte John Graham de Dundee, qui devient le premier héros de la cause jacobite. Un mois plus tard, à Dunkeld, l’armée jacobite connait sa première grande défaite face aux armées orangistes soutenues par des troupes de Lowlanders (des « covenanters », presbytériens radicaux) qui enfoncent les lignes de Highlanders.

En France, Louis XIV ne croît plus réellement en une victoire possible de Jacques II et une restauration des Stuart. Il encourage néanmoins Jacques II à s’établir en Irlande d’où il pourrait lancer des raids réguliers contre les armées de Guillaume d’Orange et affaiblir ainsi l’Angleterre. Guillaume III poursuit son offensive et n’abandonne pas l’idée d’anéantir les armées jacobites. Le 10 juillet 1690, les armées de Jacques II et de Guillaume III s’affrontent pour la première fois sur le site de la Boyne (Cath na Bóinne). Jacques II réussit à aligner 23 000 hommes (des armées Irlandaises et Françaises commandées par Lauzun) face aux 36 000 hommes de Guillaume III venus d’Angleterre, de Hollande, du Danemark et de quelques provinces protestantes allemandes. La bataille tourne vite à l’avantage des armées orangistes, les jacobites sont en déroute et Jacques II, qui assistait de loin à la bataille, prend la fuite et regagne la France.

La défaite de la Boyne est lourde de conséquences pour Jacques II qui met fin au rêve d’émancipation des Irlandais et marque un coup d’arrêt brutal dans la rébellion jacobite. L’attitude de retrait de Jacques II pendant la bataille et sa fuite devant les armées de Guillaume III sont très mal perçues par les Irlandais et les Français venus soutenir sa cause. La fuite de Jacques devient légendaire et alimente facilement la propagande orangiste. Louis XIV, même s’il continue d’héberger la cour de Jacques II à Saint-Germain en Laye, refusera par la suite de financer les expéditions d’un roi qui n’hésite pas à abandonner ses hommes sur le champ de bataille.

Une fin de règne austère

Après son retour en France, Jacques II retrouve la cour de Saint-Germain en Laye où toute la noblesse jacobite est en exil. Jacques II est pensionné par Louis XIV ce qui lui permet de faire vivre sa famille, sa cour et une armée professionnelle. Jacques ne renonce pas à ses prétentions au trône d’Angleterre et prépare son fils, le jeune Jacques François Edouard, à reprendre les rênes de la rébellion jacobite et régner un jour sur le trône d’Angleterre. Jacques maintient un train de vie royal mais ses dépenses limitées ne lui permettent pas d’offrir à sa cour tout le luxe et l’opulence qui siéent à une cour royale. De même, l’entretien de son armée lui coûte cher. Jacques est en effet accompagné d’une importante armée qui le suit depuis sa campagne irlandaise. Cette armée est composée de plusieurs compagnies d’Irlandais qui ont suivi le roi dans son exil. De 6000 hommes en 1690, cette armée s’est gonflée avec la migration jacobite en France jusqu’à atteindre le nombre de 19 000 soldats. Cette armée irlandaise, dans un premier temps au service du roi Jacques, a par la suite été incorporée à l’armée française. Jusqu’à sa dissolution en 1792, la Brigade irlandaise a loyalement combattu pour la France dans toutes ses guerres et s’est illustrée sur les champs de bataille (Fontenoy, 1745 ; Guerre d’Indépendance américaine, 1775…)

Jacques II et ses courtisans, même s’ils ont du mal à se plier aux exigences de l’étiquette française, jouissent de la sympathie du roi de France, qui leur rend visite régulièrement, et participent à la vie et à tous les grands évènements de la cour de Versailles. Cette cour jacobite est composée d’Anglais, d’Ecossais et d’Irlandais de toutes confessions. Même si Jacques a la volonté de promouvoir une certaine tolérance religieuse (contre l’avis du roi de France) au sein de sa société, les conflits culturels et religieux son permanents et la cour jacobite devient la risée des Versaillais.

Après son retour d’Irlande, Jacques ne disparaît pas de la scène politique européenne. Il maintient un lien avec l’Angleterre soit par la voie des ambassades soit par le jeu de l’espionnage. La lutte jacobite en Angleterre se poursuit, Guillaume III échappe à deux tentatives d’assassinat. Rien de prouve que Jacques en ait été le commanditaire mais il est certain qu’il en ait été informé. Plusieurs tractations politiques ont lieu autour du roi Jacques. On lui propose le trône de Pologne qu’il refuse arguant que sa mission n’est pas d’être roi mais d’être roi d’Angleterre. Guillaume III, sans héritier mâle direct et peu enclin à transmettre le pouvoir à sa fille Anne, propose de reconnaître le jeune Jacques-François Stuart comme héritier si Jacques II renonce à toute prétention au trône d’Angleterre et envoie son fils en Angleterre pour y être élevé dans la foi protestante. Jacques et sa femme, Marie de Modène, refusent catégoriquement et font accompagner Jacques-François d’une garde permanente. En 1697, malgré l’estime et la sympathie qu’il éprouve pour son cousin Jacques, Louis XIV reconnaît Guillaume III comme souverain légitime.

Les dernières années de la vie de Jacques sont marquées par une dévotion exacerbée. Jacques considère que ses échecs politiques, la débâcle irlandaise et son exil sont une expiation et mène alors une vie de pénitent. Il s’éteint le 16 septembre 1701. Trois jours plus tôt, Louis XIV était venu lui promettre devant la cour qu’il assurerait la protection de sa famille et qu’il considèrerait Jacques-François comme le seul héritier légitime à la couronne d’Angleterre.

Après la mort de Jacques II et VII

Après la mort de Jacques II, le Parlement a peur de l’influence et la popularité du jeune Jacques-François Stuart. L’Ecosse, ralliée au mouvement jacobite, risque de faire sécession, proclamer son indépendance et installer le jeune Jacques-François sur le trône d’Ecosse qui lui est déjà acquis. Une commission parlementaire commandée par la reine Anne aboutit en 1707 à la signature de l’Acte d’Union qui rattache définitivement l’Ecosse à l’Angleterre et écarte pour longtemps toute idée d’indépendance.

La plupart des historiens qui étudient aujourd’hui la vie de Jacques II estiment que dans les années qui ont suivi la Glorieuse Révolution, une restauration des Stuarts aurait pu être possible. Jacques II est encore légitime, jouit d’une certaine popularité dans l’Angleterre jacobite et se trouve à la tête d’une puissante armée capable de le mener jusqu’à Londres. Néanmoins, même si la rébellion jacobite n’est pas qu’une guerre de religion, la conversion et l’attachement de Jacques au Catholicisme représente une limite qui exclue toute tentative de restauration du roi sur le trône. Il faut comprendre ce rejet viscéral dans le contexte des guerres de religion et de l’attachement profond de la population anglaise au protestantisme.

Sources

Auteur : Guillaume Dereau