C’est un 17 janvier (selon le calendrier julien, soit le 28 janvier dans notre calendrier grégorien), en 1746, que se déroula la bataille de Falkirk… C’est la dernière victoire des forces jacobites menées par Bonnie Prince Charlie avant la terrible défaite de Culloden, la même année. Nous vous invitons à découvrir l’histoire de cette bataille.

Contexte historique

Après son retour de Derby, faute d’un appui significatif des jacobites anglais mais aussi d’une invasion française qui n’arrivera jamais, l’armée jacobite retourne en Écosse et assiège le château de Stirling. L’armée jacobite est alors forte de 8 000 hommes, c’est la plus grande force assemblée pendant toute la révolte. Ils s’élancent contre une armée Hanovrienne régulière. La bataille en elle-même est assez embrouillée, les combats sont menés dans une véritable tempête, sous une pluie torrentielle. La bataille est si confuse que ni l’un ni l’autre des côté était au courant de l’issue.

Prélude aux hostilités

L’armée jacobite quitte Glasgow le 3 janvier et se sépare en deux colonnes. Une colonne de six bataillons des Highlands, dirigée par Lord George Murray, se dirige vers Falkirk via Cumbernauld pour faire croire à un déplacement vers Édimbourg. Au lieu de cela, ils se dirigent vers le nord avant d’atteindre Falkirk et s’installent juste à l’extérieur de Stirling, à Bannockburn. Murray est stationné avec Lord Elcho à Linlithgow avec un détachement de cavalerie pour patrouiller sur la route d’Édimbourg.

Linlithgow Palace par Douglas (1887)

Charles Edward Stuart, quant à lui, se déplace avec une autre colonne vers Bannockburn via Kilsyth. Là, il établit son quartier général et réside à Bannockburn House en tant qu’invité de sir Hugh Paterson, un partisan jacobite. Lord John Drummond part alors de Perth avec quatre mille hommes et de l’artillerie lourde. Les Jacobites possèdent alors une force de 8 000 hommes et envoient un tambour à Stirling le 5 janvier pour exiger la reddition de la ville. Mais la garnison de 500 miliciens riposte en tirant sur le tambour qui prit la fuite. Trois jours plus tard, le conseil municipal accepte de se rendre. Pourtant, le château de Stirling lui-même est tenu par une petite garnison de miliciens entraînés et de troupes sous le commandement du major-général William Blakeney, qui refuse poliment de se rendre. Charles Stuart ordonne alors le siège du château. Il confie cette tâche à un «expert» de l’artillerie française d’origine écossaise, M. Mirabel de Gordon. Ce dernier choisit un mauvais emplacement pour creuser les tranchées des canons jacobites et met son artillerie à portée des canons du château. Les canons seront détruits après avoir tiré un seul coup. En raison de l’incapacité démontrée de l’homme, les Écossais ont ensuite surnommé Mirabel «Mister Admirable» .

Dans le même temps, des dissensions surgissent alors que les chefs des Highlands n’apprécient guère les décisions de Charles Stuart qui ne compte plus que sur les conseils de ses «hommes de Moidart».

La Bataille de Falkirk

Les forces en présence

Le drapeau Jacobite en 1745

13 régiments pour environ 8000 hommes.

Commandants en chef : Bonnie Prince Charlie, Lord George Murray

L’armée est principalement composée de highlanders et la plupart sont volontaires. L’armée est dirigée par des nobles et se compose également d’une cavalerie et de quelques unités de lowlanders. Néanmoins, les trois quarts des effectifs proviennent des Highlands et font partie de régiments claniques.

Un régiment clanique est composé d’une minorité de gentlemen (des “tacksmen“, propriétaire terriens) portant le nom du clan et sous leurs ordres, des “clansmen“. Ce sont les gentlemen qui formaient la première ligne lors des batailles. Ils étaient plus lourdement armés que les clansmen mais subissaient régulièrement de lourdes pertes. Seuls les gentlemen étaient équipés de basket hilt, l’épée emblématique écossaise mais la plupart des hommes portaient des armes à feu et notamment beaucoup de fusils espagnols et français.

Le gros problème de l’armée jacobite est son manque de discipline et le manque d’entraînement des officiers. Pour preuve, les colonels du régiment MacDonald de Clanranald et de Keppoch estiment que leurs hommes sont tout simplement incontrôlables…

Lors de la bataille de Falkirk, des troupes régulières françaises furent engagées aux côtés des Écossais. Il s’agit ici de la Brigade Irlandaise, essentiellement composée de piquets irlandais.

L’armée jacobite se déploie en trois lignes, face à l’est. Sur la ligne de front, de sa droite vers la gauche, se trouvaient les MacDonald, les Camerons, les Frasers, les MacPhersons, les Mackintoshes, les Mackenzies, les Farquharsons et les Stewarts d’Appin.
Les régiments de Lord Lewis Gordon, de Lord Ogilvy et de la Brigade Atholl s’affichent en deuxième ligne.
Dans la troisième ligne est présent des petites unités de cavaliers, plus une unité régulière française (Piquets irlandais de la brigade irlandaise).

Le prince ne parvient pas à nommer un commandant de l’aile gauche, bien que lord George Murray ait pris la direction de l’aile droite. Murray mit pied à terre et mena les trois régiments MacDonald à l’extrême droite.

16 régiments pour 7000 hommes.

Commandant en chef : Henry Hawley

À Falkirk, l’armée gouvernementale est composée d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie mais aussi de régiments de miliciens.

Chaque régiment porte le nom de son colonel et compte en temps normal 815 hommes, officiers compris. À Falkirk, ils dépassent rarement les 400 hommes.

De sa gauche vers la droite, la ligne de front de Hanovre comprend les dragons (régiments de cavalerie) de Ligonier (13e), de Cobham (10e) et les Hamilton (14e) . Poursuivant la première ligne, les régiments d’infanterie d’Edward Wolfe (8e), Cholmondeley (34e), Pulteney (13e), The Royal (1er), Price (14e) et Ligonier (59e).
En deuxième ligne se trouvaient les régiments britanniques de Blakeney (27e), de Munro (37e), de Fleming (36e), de Barrel (4e) et de Battereau (62e). Dernier à arriver est le régiment de Howard (3rd Old Buffs) qui prend position dans une troisième ligne. A quelques centaines de mètres derrière les dragons, les milices de Glasgow. La milice Argyll prend position à l’extrême droite de la ligne de Hawley.
Deux canons restent coincés dans une tourbière. Quand la bataille commence, l’artillerie anglaise essaie toujours de les libérer.

Hawley campe à Falkirk et ne montrait aucun signe de mouvement. Ainsi, le matin du 17 janvier, les Jacobites planifient une offensive. L’armée se dirige prudemment vers Falkirk, évitant la route principale et se dirigeant vers la colline du même nom qui surplombait le campement de Hawley en contrebas. L’armée gouvernementale est prise par surprise.

À 13 h, un officier informe Hawley de l’approche jacobite. Hawley refuse de croire le message et ne vérifie pas l’information par lui-même. Au lieu de cela, ilreste à Callendar House, à 2 000 mètres derrière son camp, et envoie seulementdes instructions à ses troupes pour qu’elles mettent leur équipement par précaution. À 14h00, l’attaque jacobite est imminente et un deuxième messager du major-général John Huske est envoyé à Callendar House. Enfin conscient de la gravité de la situation, Hawley arrive à son camp sans chapeau et au galop.

C’est dans la précipitation que Hawley manœuvre mais dans des dispositions inhabituelles. Les dragons de l’aile gauche sont directement opposés aux fantassins du flanc droit des Highlands. La gauche de l’infanterie britannique fait face au centre de l’armée des Highlands. Trois régiments à pied sur la droite hanovrienne recouvraient complètement la gauche jacobite, mais un ravin sépare les deux armées. Le ravin empêche les unités britanniques d’attaquer les Stewarts of Appin, mais également protège la droite de Hawley.

À 16h00, le colonel Francis Ligonier reçoit l’ordre de charger l’aile droite jacobite avec les dragons britanniques. Hawley croit apparemment à la supériorité de la cavalerie sur les Highlanders. Les Jacobites attendent que les dragons soient à portée de leur pistolets, puis leur assènent une volée de balles écrasante. «Quatre-vingt dragons tombèrent morts sur place.»mais la plupart s’enfuient. Les dragons de Cobham chevauchent au nord entre les lignes d’infanterie. Les deux autres régiments restent à l’arrière. Une compagnie de la milice de Glasgow est dispersée par les dragons fuyant Hamilton. Ces cavaliers continuèrent à se battre, mais seront victimes de cette tactique inhabituelle. Les Highlanders laissent tomber leurs mousquets et s’ accroupirent sur le sol, utilisant leurs poignards pour tuer les chevaux et poignarder les cavaliers tombant de leur montures. Une autre tactique des Highlanders face à la cavalerie consistait à viser de leurs épées la tête des montures plutôt que le cavalier. Un cheval blessé de cette façon à tendance à tomber et à faire de son cavalier une cible facile.

La déroute complète de la cavalerie compromettait toute la position Hanovrienne. Murray essaie alors de retenir les MacDonalds, mais ils se sont spontanément précipités après les cavaliers en fuite. Les Highlanders à droite et au centre tirent alors une salve, jettent leurs mousquets et se précipitent vers l’infanterie Hanovrienne, épées en main. Attaqués à l’avant et sur le flanc, avec une pluie battante au visage, l’infanterie de gauche de Hawley tire une salve inefficace et court vers l’arrière, emportant ainsi la deuxième ligne.

Protégés par le ravin, seuls les régiments du flanc droit loyaliste tiennent bon. Les régiments de Price et de Ligonier sont rejoints par Barrel’s provenant de la deuxième ligne. Le général Huske les fait marcher sur une courte distance en montée où il fait tirer une salve sur le flanc des Highlanders qui sont à la poursuite du flanc gauche et du centre Hanovrien paniqués. Bientôt, ils sont rejoints par les dragons rassemblés de Cobham, qui tentent d’attaquer l’arrière jacobite. Cette attaque est déjouée par les Irish Picquets (régiment régulier français) qui étaient tenus en réserve.

La plus grande partie de l’armée de Hawley est mise en déroute pendant que la plus grande partie de l’armée jacobite est dispersée à la poursuite des troupes des Hanovre ou en train de piller les morts de celle-ci. La brigade d’Atholl est intacte et Murray en a pris la charge en compagnie de quelques MacDonald. Huske se retire bientôt avec ses régiments, laissant le champ libre aux Jacobites.

Il fait maintenant nuit et l’orage devient plus violent… La confusion générale règne et Murray perd de vue l’ennemi. Les Hanovriens survivants se replient vers l’Est en direction de Linlithgow, les Grenadiers tirant le reste des canons de Hawley alors que beaucoup de chevaux d’artillerie ont été perdus. Murray vient de remporter une grande victoire mais ne l’a pas encore réalisé. Ce n’est qu’au lendemain matin que plus de 300 soldats Hanovriens sont retrouvés morts sur le champ de bataille.

Conséquences

Monument de la bataille de Falkirk Muir

Les Jacobites sortent victorieux, mais n’ont pas réellement profité de la victoire.

Du côté Hanovrien, Hawley prétend avoir subi seulement 280 morts mais ses pertes sont beaucoup plus grandes. Environ 350 soldats loyalistes sont tués, blessés ou portés disparus et quelques 300 sont capturés. Sir Robert Munro et trois lieutenants-colonels sont tués. Ligonier est tombé malade et meurt peu de temps après la bataille.

Les pertes jacobites sont d’environ 50 morts et 80 blessés. Les Jacobites ont saisi des tentes, des munitions, des chariots et trois canons, mais ils restent à Falkirk ou dans les environs pendant la majeure partie du mois et perdent toute initiative qu’ils auraient pu tirer de la victoire. Au lieu de poursuivre Hawley, Charles Stuart choisit de rester à Bannockburn House, où un rhume le rend fébrile et il est d’ailleurs soigné par Clementina Walkinshaw, sa maîtresse… Hawley a ainsi pu réorganiser et renforcer son armée à Édimbourg.

Après la bataille de Falkirk, les troupes loyalistes sont logées au palais de Holyroodhouse à Édimbourg où elles occasionneront énormément de dégâts.

Sources